Samedi, à Montpellier, a eu lieu une mobilisation spontanée dans le contexte des mobilisations contre la réforme des retraites de Macron. À 16h, des insoumis, des gilets jaunes, des militants syndicaux, des jeunes s’étaient donné rendez-vous au rond-point des Prés d’Arènes. Ce lieu est symbolique. Il est le point de départ du mouvement des gilets jaunes à Montpellier en novembre 2018. Ce rond-point au sud de la ville se trouve en sortie d’autoroute et représente un carrefour stratégique entre les plages et la ville. Et, depuis quelques mois maintenant, des citoyens s’y retrouvent le samedi, vêtus de gilets jaunes ou non, et alertent les automobilistes sur les luttes sociales et politiques dans le pays.
Retour aux sources donc pour plusieurs dizaines de personnes, dont j’étais. Disposés à toutes les sorties et entrées du rond-point, nous voilà avec nos tracts, interpellant les automobilistes. Les réactions ne se sont pas fait attendre : encouragements, coups de klaxon, applaudissements. Cette action organisée du matin pour l’après-midi a rencontré un beau succès qui nous remplit de fierté et d’enthousiasme pour la suite.
On a également renoué avec la créativité propre aux mobilisations populaires. Chacune et chacun a apporté son accessoire : l’un ses affiches sur carton aussitôt accrochées tout autour du rond-point ou brandies à la vue des automobilistes et des passants, la deuxième ses tracts, l’autre une trompette (qui a fait le tour des militants présents), un autre encore un mégaphone. On a même réalisé un atelier improvisé de création de banderole: une paire de draps, des bombes de peinture et en quelques minutes, on dressait une banderole colorée « Jusqu’au retrait, on bloque tout ».
L’ambiance était joyeuse, chaleureuse et festive. Si bien qu’un groupe a décroché l’une des banderoles pour lancer une manifestation spontanée autour du rond-point. Tout le monde se met aussitôt derrière la banderole. Je marche avec elles et eux et nous entonnons les chants désormais traditionnels des luttes « On est là », « Macron t’es foutu, la jeunesse est dans la rue », « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là on en veut pas ! » Macron nous fait tourner en rond, la lutte sociale s’organise. Samedi après-midi, les voitures ont roulé lentement, très lentement autour du rond-point des Près d’Arènes.
Cette ambiance tranche évidemment nettement avec ce qui se passait en même temps à Sainte-Soline. 30,000 manifestantes et manifestants s’y sont retrouvés pour dénoncer le scandale écologique des méga-bassines. À la fin de la journée, on dénombrait des dizaines de blessés, parfois graves. Les témoignages et les vidéos affluent sur les réseaux. Le dispositif de répression y a été démesurément déployé. De l’avis de toutes celles et ceux qui participaient ainsi que des observatuers : sans les BRAV-M, sans les tirs et explosions de grenades de toutes sortes, la manifestation de Sainte-Soline aurait été, elle aussi, une joyeuse mobilisation bon enfant.
Je veux dire aux amis, militants, lectrices et lecteurs qui passent par cette page : il ne faut pas grand-chose pour organiser la lutte. Le rejet de la retraite à 64 ans est si grand dans le pays que toute initiative, même spontanée, peut fédérer. La presse parle de nous à l’international tant le moment que nous vivons est grand, exemplaire, historique. Haut les cœurs, la lutte continue. Soyons créatifs.